Après 1 jour 19h 38min et 10s de course entre la Trinité-sur-mer et la pointe de la Bretagne, Team Jolokia et son équipage de la diversité réalisent une très belle deuxième course pour ce début de saison. Le VO’60 a coupé la ligne d’arrivée samedi à 10H13 en 2ème position dans sa catégorie IRCA, a seulement 6 secondes du Mach 45 Bretagne Télécom.
C’est sous un magnifique soleil et 7 à 8 nœuds de vent d’Ouest que l’ensemble de flotte de l’ArMen Race a pris le départ jeudi 30 mai en début d’après-midi. Après un bon départ, l’équipage de la diversité se lance à la poursuite de Bretagne Télécom qui a déjà pris la tête de la course. Le faible faible nécessite une concentration optimale pour l’équipage, de soigner chaque manœuvre et de réguler la gîte du bateau. Une première nuit en mer rythmée par des changements de voile dans à peine 3 nœuds de vent et des choix stratégiques notamment avec le passage des Glénans. C’est une vraie course au mental qui s’est jouée dans la nuit au large de Concarneau. Eole a fait défaut sur cette première nuit de course et les équipiers ont du redoubler d’efforts pour rester concentrés et régler les voiles constamment, pour parfois gagner 0,2 nœuds… « Parfois une victoire se joue à quelques minutes alors il ne faut jamais rien lâcher. » nous confie Olivier, responsable avec Dana de la navigation. Dans des conditions de vent très faible, l’équipage a joué de finesse et de ruse, la moindre risée pouvait redistribuer les cartes.
Jeu du chat et la souris
Un très joli duel s’est joué sur cette course, tantôt premier, tantôt second, le VO’60 est resté au contact permanent du Mach 45 Bretagne Télécom. Un peu avant le passage de l’archipel des Glénan, Team Jolokia a repris la tête de la course. Mais ce passage stratégique sans vent et avec un courant défavorable, a donné l’avantage au Mach 45 qui recroise à peine 100 mètres devant. Le match est relancé !
Un peu avant le franchissement des marques Uship 1 et 2, le vent souffle à 12 nœuds et le VO’60 évolue sous spi. Mais un changement de voile est annoncé avec une auloffée direction Belle-Île en Mer. 9 minutes nous sépare de notre concurrent direct.
Les équipiers se préparent à passer une deuxième nuit en mer, le vent mollit, à peine 5 nœuds. La nuit est calme mais les équipiers redoublent de vigilance pour faire glisser le bateau. « La concentration et l’engagement de tout le monde m’impressionnent… Sortir de la table à carte en pleine nuit et retrouver dehors les équipiers s’acharner dans l’obscurité, dans la pétole, à changer les réglages pour optimiser la performance, constamment sans rien lâcher… ça demande un engagement, une volonté et une obstination remarquable. » nous confie Anna, chef de quart.
La course au large, c’est un vrai sport d’équipe ! A bord, il faut composer avec les expériences de chacun. Corentin, le benjamin de l’équipage, 19 ans, a beaucoup navigué mais plutôt sur des petits bateaux. « Je ne savais pas trop à quoi m’attendre car c’était pour moi, ma première nuit en mer, mes premiers quarts de nuit, mes premiers repas à base de lyophilisés,… La nuit en mer c’est fabuleux, le ciel étoilé, le plancton, le brouillard,… Une expérience unique ! ». Mathilde, numéro 2 à bord, nous confie aussi : « C’était vraiment une première pour moi de fonctionner en quart et l’expérience était vraiment incroyable. On a atteint des limites ensemble qu’on n’aurait pas pu atteindre seul. Même si nous terminons derrière Bretagne Télécom, l’important est que nous avons mis le collectif en avant pour plus de performance. » Une fois de plus, l’équipage a capitalisé sur l’expérience des « anciens » tout en s’appuyant sur l’explosivité des « jeunes » recrues.
Un finish sur le fil
Dès le milieu de la nuit, Team Jolokia est revenu sur son concurrent le Mach 45 Bretagne Télécom, alors en tête de la flotte des IRCA. A 3h du matin, Team Jolokia reprend la tête de la course. Les deux bateaux jouant au chat et à la souris jusqu’au passage de La Teignousse, samedi au petit matin. Un vent quasi-nul et un courant de face, ont obligé les deux bateaux a redoublé de vigilance et à optimiser au maximum leur vitesse. Après un duel acharné, Team Jolokia coupe la ligne d’arrivée à seulement 6 secondes de Bretagne Télécom.
« Quelle course ! Nous avons passé 44 heures riches en rebondissements. L’équipage a été vraiment étonnant. Avec ces faibles conditions de vent, le parcours s’est révélé très technique. Les nerfs de l’équipage ont été mis à rude épreuve mais ils n’ont rien lâché, un engagement sans faille. Ils sont restés soudés jusqu’au bout. L’équipage 2019 a tout pour atteindre de grands objectifs et c’est vraiment très encourageant pour l’avenir. Bravo à eux et à Team Jolokia de les avoir réuni pour cette belle démonstration de diversité performante ! » nous raconte Jean-François Levasseur, entraîneur et skipper de Team Jolokia.
La diversité a une nouvelle fois montré toute sa force. Les 13 membres d’équipage ont puisé dans leurs ressources, ont été chercher au fond d’eux-même les capacités de concentration et d’adaptabilité indispensable sur ce genre de course.
« C‘est l’expérience d’être plusieurs, d’être ensemble dans la difficulté mais vers un but commun et tenant plus que tête pendant deux nuits à de la concurrence professionnelle, voilà ce que je retiens. Nos différences furent la force qui construisit cette réussite. Le classement importe peu car nous avons hisser tout en haut ce projet que nous défendons pour montrer à tous que : la diversité est une force. » Arthur, 24 ans, équipier pour la première année à bord.
Prochaine course du team : La Rolex Fastnet Race, le samedi 3 août.
Ils ont dit :
Victor, 26 ans : « Nous avons fait peu d’erreur, tout l’équipage s’est donné à fond et nous avons été soudé, ensemble, de A à Z. J’ai retrouvé ces sensations de régate qui me manquaient . On a vraiment bataillé et finir à 6 secondes du premier, un finish très tactique qui fut extrêmement grisant pour moi. Tirer des leçons de nos erreurs, pour que la prochaine fois nous lui volions la vedette. J’ai hâte d’y retourner. »
Friederike, 35 ans, Allemande : « L’ArMen Race, une première course pour moi avec Team Jolokia. Une expérience inoubliable. Ce que je retiendrais de cette course : travailler ensemble, intégrer et estimer les forces de chacun(e) et un soutien inestimable. On n’a pas gagné la 1ère place mais on a gagné une expérience, de la confiance dans chacun(e) et dans le bateau. Et de nouveau cette certitude que « Nos différences sont une force ». »
Alex, 30 ans : « Le manque de vent a joué avec nos nerfs mais rien n’a altéré l’envie de bien faire ensemble et de donner le meilleur de soi-même. »
Valentin, 26 ans : « Beaucoup de premières fois pour moi, naviguer de nuit, régater sur Team Jolokia et se nourrir de Lyophilisés. Il y a, à bord, un vrai potentiel et une vraie détermination. Nous avons matossé le moindre garmme (les lyophylisés, les gourdes, les extincteurs… tout y est passé ! Cette course était géniale et ça promet de belles choses à venir. »