– Jeudi 30 mai au samedi 1er juin –

Composition de l’équipage Armen Race 2019

Jeudi 30 mai 2019

Team Jolokia concourt pour l’Armen Race en IRCA, le départ est fixé à 14h30. La journée démarre pour les équipiers avec un café sur le port, un brunch pour prendre des forces. Jeff, Dana, Olivier, Corentin et moi nous rendons au briefing météo. A notre retour, les choses sérieuses commencent…

12h20
Briefing routage de Dana. On commence par les bonnes nouvelles : la pleine mer est à 15h, aucun problème pour passer la Teignouse. Dana nous partage les premiers éléments du routage : louvoyage jusqu’à la Teignouse sous J1, à la Teignouse le vent devrait se renforcer légèrement et prendre de la gauche, puis un long bord sous J1 ou code 0 pour remonter la côte bretonne. Arrivée au large de Penmarc’h vers 00h, il faudra se rapprocher de la côte pour aller chercher le vent. Enfin nous devrions passer la bouée virtuelle USHIP 1 vendredi vers 10h. Maintenant place aux moins bonnes nouvelles : mais où est donc passé Eole ?

13h50
Nous sommes sur l’eau, sous J1 et GV pleine. Les premiers départs ne vont pas tarder à être lancés. Je demande à Dana où nous allons prendre le départ : en milieu de ligne, 1/3 côté ouest.

« Un départ au près sous 10 nœuds de vent »

14h30
Les 5 minutes de la procédure sont lancées, tous les équipiers sont déjà très concentrés. Top départ, au près, sous 10 nœuds de vent. Nous passons la ligne une dizaine de secondes après le lancement du départ, pas si mal. Nous nous situons sous le vent de la majeure partie de la flotte, ce qui est bien car nous ne sommes pas au cœur de la flotte perturbés par les autres bateaux, nous avons du vent. Descente vers la Teignouse, nous dépassons rapidement la majeure partie de la flotte et nous tenons Bretagne Télécom, 100 mètres devant nous.

« Virements de bord dans le chenal de la Teignouse »

Arrivée au niveau du Chenal de La Teignouse vers 15h15, nous avons rattrapé la flotte partie avant nous. Les équipiers jouent avec l’équilibre du bateau : notre angle de gîte idéal est de 13°, il faut parfois se placer sous le vent ou parfois au vent, les équipiers alternent. Dans le chenal, nous enchainons les virements de bord. Tribord amure, Jeff a du mal à lancer le bateau, c’est frustrant (Jeff est tendu). Nous vérifions les réglages, la bonne répartition du poids sur le bateau… Nous virons de bord et avançons beaucoup mieux ! Nous sommes bâbord amure, et sortons ainsi du chenal de la Teignouse. Le moral remonte. Cap vers le Nord-Ouest, 330°.
Nous épions depuis le départ les faits et gestes de notre principal concurrent, l’on peut régulièrement entendre un équipier dire « Bretagne Télécom a viré de bord… ». Suivre les manœuvres des concurrents fait partie de la stratégie sur de la course au large.

« Pause goûter sur bord de près, bâbord amure »

16h30
Les équipiers ont faim, il faut dire qu’ils n’ont pas ménagé leurs efforts jusqu’à maintenant. Heureusement il reste des sandwichs, nous n’avons pas eu le temps de tout manger avant le départ.
Nous sommes toujours sous 10 nœuds de vent. Le départ des Ultim a été lancé. J’estime que nous devrions les voir passer d’ici 1h. Mathilde est à la barre très concentrée.
Nous avons toujours des petits soucis avec le routeur, ce qui ne facilite pas la tâche pour Dana notre navigatrice. Jeff et elle sont à la table à carte.

« Point stratégie avec Dana »

17h30
Le bateau est équilibré, tout est bien. Point stratégie entre Dana et Olivier : le vent a beaucoup adonné, donc nous sommes pour l’instant en route directe et passons à l’extérieur de Groix et des Glénan. Il y a plus de vent qu’annoncé. De bonnes nouvelles pour nos deux marins expérimentés !
Dana fait une petite pause, j’en profite pour lui poser quelques questions :
Elorri « Comment as-tu vécu départ ? »
Dana  » Super pression et adrénaline plus plus, mais tout s’est bien passé. Cela donne confiance de se dire que l’on est bien parti, cela promet une bonne course. Tous les équipiers étaient très motivés. »
Puis je demande à Dana quelles vont être les points de vigilance pour les prochaines heures. « Les équipiers vont devoir rester très concentrés pendant le début de soirée car le vent va diminuer progressivement. Il faudra soigner les réglages des voiles et l’équilibre du bateau. »

17h45
Notre vitesse tombe, « ça n’avance pas d’un cachou  » dit Victor. Fritzi et lui testent des solutions, ils sont constamment en train d’ajuster leurs réglages. Un bon travail d’équipe. On tend le nerf de chute du jib, mais on perd 0,2 nœuds, alors on annule !

17h56
Jeff et Dana évaluent le laps temps avant la prochaine manœuvre. Jeff m’avoue qu’il a un petit coup de fatigue.

18h
Première prise de quart pour l’équipe d’Olivier, Mathilde, Alex, Arthur et Victor, qui seront sur le pont jusqu’à 21h. Fritzi et Eric vont se coucher, Ana, Corentin, et Valentin sont également sensés se reposer, mais ils ont l’air d’avoir encore de l’énergie à revendre…
Le bateau marche à équipage réduit. Il y a toujours 10 nœuds de vent et nous avançons à 7 nœuds. Nous nous rapprochons de Groix, il va falloir faire un virement de bord, finalement nous ne passerons pas Groix en route directe. Nous attendons les timings et instructions de Dana pour le virement. Olivier se fait reprendre par Jeff car il papote à la barre « barre, ne papote pas ». Jeff a les yeux rivés sur le speedo « ça molli », cela annonce un virement proche… Il ne faut pas que l’on se rapproche trop de la côte au risque de perdre notre vent. Enfin Dana annonce « 3 minutes, virement ». On prévient les équipiers qui dorment car ils doivent changer de couchette pour toujours dormir au vent. « 1min30 avant virement ».

Val nous délivre un ballet de figures acrobatiques lorsqu’on l’envoie dans la GV pour enlever un patch qui se décolle.

Le matossage est primordial pour Arthur car il permet d’optimiser l’équilibre donc la vitesse du bateau. Cela a également beaucoup d’importance pour Val, lorsque l’on remonte le code 0 au vent « ah voilà le canap ! »

 

18h30
Dana Anna Jeff sont à la table à carte. Dana « tu as vu le nouveau fichier météo ? On a un nouveau routage plus osé… » A bord de Team Jolokia, la tactique se discute à plusieurs. On confronte les idées de chacun…

19h30
Nous dépassons Groix. Le vent a un peu baissé, les équipiers de quart surveillent la vitesse du bateau : toujours 6 nœuds. Je profite du calme pour demander à Alex de nous expliquer comment la vie s’organise à bord de Team Jolokia la nuit : c’est le principe des quarts.

20h30
La bouilloire siffle, on commence à préparer le dîner… « et que dîne-t-on Eric et Coco ? » Chicken fajitas, macaroni cheese… en lyoph ! Les équipiers du 2nd quart se réveillent progressivement. Corentin ne s’est pas beaucoup reposé, trop excité par sa première course au large. Valentin est aussi resté sur le pont. Beaucoup d’énergie chez les piments ! Éric quand à lui a bien dormi. Chaque équipier gère son repos, la course au large est un bon moyen d’apprendre à se connaître.

21h05 BREAKING NEWS
Team Jolokia vient de prendre la tête de toute la course. Jeff profite du changement de quart pour faire un briefing à l’ensemble de l’équipage et annonce que nous sommes premiers ‘’c’est super mais il ne faut rien lâcher’’.

21h20
Une bonne nouvelle en cache une moins bonne : le vent tombe. 5 nœuds de vent…

21h40
Le vent continue de tomber, on déroule le Code 0, une plus grande voile pour avancer plus vite.

22h08
Dana, Victor, Arthur et Anna discutent stratégie et choix de route : passer au nord ou au sud des Glénan ? Le but est d’aller à l’ouest le plus vite possible car une bulle de pétole va s’installer pendant la nuit, le tout étant de deviner si elle sera plutôt au sud ou au nord des Glénan. Les 4 s’accordent pour dire que l’idéal serait de passer extérieur donc au sud des Glénan, mais en restant au-dessus de la flotte. Nous manœuvrons pour rester sur la bonne route. Pour virer avec le Code 0 il faut l’enrouler puis le dérouler après virement.

 

22h28
Le bord n’est pas terrible, nous avançons moins vite, à 2 nœuds. La stratégie de passer au sud des Glénan est remise en question par Jeff. Nous regardons ce que font les concurrents. Le choix de la route revient à la navigatrice et au skippeur mais Dana demande tout de même leur avis aux équipiers.
2 nœuds de vitesse.
Dana reste sur la stratégie initiale « la route sud, on va avoir la molle c’est sûr, mais au nord aussi, et le courant contre ». Jeff lui, hésite. Sur le moment présent, il préfère la route nord car en observant le plan d’eau il semblerait qu’il y ait plus de vent. Mais d’après les discussions du début de soirée et les fichiers météos, la stratégie était bien de passer par la route sud…
Dana « et toi Jeff dans ton cœur, qu’est-ce que tu penses ? »
La pression monte… Jeff « Ce qui est sûr, c’est que ça se joue maintenant. »

22h51
Bretagne Télécom est lui aussi à l’arrêt. Arthur appelle le sémaphore pour avoir une vraie précision météo, nous voulons le sémaphore de Concarneau mais tombons sur celui de Penmarc’h. Normal, c’est un jour férié ! Cependant à bord nous perdons la notion des jours…
1,3 nœud de vitesse, Valentin s’ennuie à la barre. Dana chuchote « il va devenir fou à cette vitesse ».

23h03
Nous chargeons les fichiers météo mis à jour à 23h…. « La vache »

23h20
Il y aura finalement plus de vent au nord des Glénan cette nuit, nous décidons de changer de stratégie et virons de bord, pile au bon moment. Cap au nord des Glénan avec comme repère pour le barreur : le phare de Penfret.

« Réglages fins sous 5 nœuds de vent »

00h
Changement de quart, toujours 4 nœuds de vent, nous avançons à 2 nœuds.
L’équipe qui était sur le pont passe les informations à la nouvelle équipe de quart : le cap à suivre, le réglage optimal de la voile d’avant vu le peu de vent qu’il y a. Le partage d’information est très important et permet à la nouvelle équipe de bien travailler.

00h45
Il n’y a aucun nuage dans le ciel, les étoiles sont superbes et guident nos équipiers dans la pétole. Même sans vent il faut rester très concentré, les équipiers ajustent ensemble et de manière continue le réglage de la GV et du Code 0.  » C’est bien on a gagné 0,2 nœuds » Olivier. La course au large est un travail d’équipe et d’endurance.

« Garder à tout prix notre vitesse »

03h
Je me lève en même temps que le changement de quart. Corentin demande un briefing à Olivier, qui répond « vitesse vitesse vitesse ». Corentin prend la barre et Arthur lui indique comme cap à suivre un alignement avec les étoiles. Le vent est resté constant, c’est-à-dire 4 nœuds… Toujours sous code 0. Cap au nord-ouest pour l’instant. Les Glénan sont derrière nous.
Cartouche vient de passer devant nous, nous les avons à nouveau rattrapés.
Corentin a vu une étoile filante, nous savons tous quel voeux il a fait… du vent !

03h30
Bretagne Télécom est juste à 100m dans notre tribord, à notre vent. C’est génial d’être autant au coude à coude. Le moral est bon.
Anna « Coco tu es très fort, tu vas aussi vite que le vent », Corentin « C’est avant tout un travail d’équipe ».

03h55
Anna fait un point stratégie, tous les équipiers écoutent ‘’Route fond 280° et si ça refuse on avise’’.
Jeff « Restez bien concentrés et faites le max car on les tient et il faut je ça dure ».

04h10
Eric remonte sur le pont, il vient de matosser les deux dernières caisses et deux derniers sacs. « Je ne sais pas si cela changera grand-chose », les équipiers essayent par tous les moyens de garder de la vitesse. La brume s’installe.

« On hisse le spi de nuit »

04h15
Le vent a changé et a pris 50° de droite, nous sommes à 140° du vent, il faut régler les voiles. Spi or not spi ?

04h45
Le spi A1 est hissé ! On espère qu’il va nous porter.

 

« Lever de soleil et état d’esprit positif à bord : le vent se lève »

06h15
Je me réveille avec le changement de quart, pour le lever du soleil. La brume est toujours là. Olivier positive « on a 7 nœuds de vent, c’est toujours 3 nœuds de plus que cette nuit’’. Et rien de mieux qu’un empannage sous spi, pour bien réveiller nos équipiers à leur prise de quart.

06h40
7 nœuds de vent, 5 nœuds de vitesse.
Comment résumeriez-vous votre première nuit sur l’Armen Race ? Pour Arthur suspens et surprise, Mathilde plancton et attention, Victor limiter la casse, Alex long. Olivier ‘’on a du se matosser souvent’’, traduction on a souvent été réveillés pour changer de côté et rester sous le vent.

07h20
Olivier est content du choix des horaires de ses quarts pour la nuit passée. « Le pire quart c’est celui de 3h à 6h, les anglais l’appellent le Graveyard watch »

07h30
Nous passons la pointe de Penmarc’h. Team Actual vient d’émerger de la brume, il est encore derrière nous. Moi qui pensais que les Ultim nous doubleraient dès le départ…

07h43
Une belle gamelle de Mathilde sur l’empannage sous spi ! Notre gazelle est pourtant bien en jambe, l’on dira officiellement que c’est à cause de la rosée matinale qui couvre encore le pont et le rend glissant…

« Une matinée sous spi »

8h
Olivier « C’est l’heure des lyoph pour le petit dej ». Pas pour tout de suite… c’était sans compter l’apparition de Jeff qui reprend l’équipage car nous n’avons pas affalé le Code 0 ni tangonné le spi.

10h15
Précisions météos avec Anna chef de quart : nous devrions avoir un vent de SE de 10 à 15 nœuds vers 12h. Dans l’après-midi le vent devrait baisser et adonner ou refuser, cela dépend des deux modèles Arome ou Arpège. Jeff est à la barre, Anna se réjouit car le bateau avance bien, à 7 nœuds sous spi.

10h45
Je profite du temps calme pour faire une belle interview de Fritzi. Je lui demande son retour sur la nuit passé, ce qui l’a marqué. Elle me confie que cette fois la difficulté était différente de d’habitude : le vent faible et la nécessité malgré tout de garder notre vitesse. L’équipe a bien su communiquer et travailler ensemble alors qu’elle n’a fait qu’un entraînement avant la course. Un bel exemple d’adaptabilité pour l’équipage.

 

« Le passage des marques USHIP1 et USHIP2 avec du vent »

12h12
Tout le monde est sur le pont, le vent souffle à 12 nœuds et nous sommes toujours sous spi… mais plus pour longtemps… L’excitation monte car nous arrivons bientôt à la 1e marque USHIP 1, « dans 30 minutes ». Dana briefe l’équipage.
Nous sommes bien entourés sur le plan d’eau : Initiatives Cœur, Team Actual sont à nos côtés.

12h25
‘’Tu es sûre que la marque est bien placée ?’’ Jeff. Oui, Dana a déjà vérifié 4 fois.
Nous sommes en route directe vers la marque USHIP 1.

12h35
Tout l’équipage se prépare. « On lancera la procédure 10 minutes avant le passage de la bouée ». La procédure suit une chronologie bien précise : dé-hooker le spi, monter le J2 , percuter et affaler Le spi puis dé-tangonner et lofer dans la foulée.

12h40
On lance la procédure. Tout se passe comme prévu.

12h50

Au moment de lofer, j’entends un bruit de sifflement sourd et grave qui vient de l’arrière. Un multi50 est en train de nous rattraper, il vole sur l’eau, c’est magique. Ils sont à notre vent mais nous avons la priorité et comme nous lofons, au dernier moment ils abattent et passent à 5 mètres derrière nous. Nous avons à peine le temps de les voir passer, de toute façon l’équipage est très concentré pour les réglages des voiles.

13h07

Nous sommes à 9 min de la 2e marque USHIP2.

13h17

Virement de bord pour le passage de USHIP2.

13h25 Nous sommes bien lancés au près sur le bord de retour. Jeff en profite pour faire un débriefing avec l’équipage. ‘’Qu’avez-vous pense de cette première nuit ?’’Retour sur les éléments qui ont fait changer notre stratégie : les fichiers météos, les concurrents… Cette nuit tout jouait en notre faveur et nous avons réussi à tenir dans la molle et recoller Cartouche.A présent Cartouche est devant, Victor a compté que nous avons lofé 20min après lui. Il ne faut rien lâcher, tout peut encore arriver avec ce soir car il va y avoir à nouveau une molle.

Jeff ‘’Je vous félicite, vous avez fait attention aux réglages, aux placements’’. Mais certaines choses ont moins plu, comme le coup du bras de spi choqué trop rapidement. ‘’Même si vous maîtrisez le bateau de mieux en mieux, il n’est pas moins dangereux. Méfiez-vous d’être trop à l’aise, ne levez pas le degré de vigilance’’.

13h30
Pause déjeuner bien méritée ! Au menu ? Des lyoph !

16h10
Depuis le virement de bord pour passer la marque USHIP2, Team Jolokia vogue au près, sous 10 à 12 nœuds de vent, notre vitesse est de 7 à 8 nœuds, cap au sud est. Nous avons Bretagne Télécom en visu. Les quarts s’enchaînent.

18h
Changement de quart et virement de bord devant la pointe de Penmarc’h, cap au sud. 10 nœuds de vent, 7 nœuds de vitesse. Victor « pas mal en vitesse non ? », Arthur à la barre « Le bateau est nickel « .
Prochain virement dans 10 minutes. Le moral est bon pour les équipiers !

21h40
Nous sommes en route vers les Glénan, et à la recherche du vent… La mer est très calme c’est reposant mais les équipiers préféreraient un peu plus d’action.

22h15
Les équipiers à bord sont toujours à la recherche du vent…
Le coucher de soleil est superbe et me permet de prendre de jolies photos du changement de voile entre Code 0 et jib 1. Avec une luminosité particulière, cela donne un charme à la soirée.

22h40
La brise de lève, 3 nœuds de vent ! Juste de quoi se lancer dans la dernière nuit de l’Armen Race 2019. On ne lâche rien.

22h55
Sous code 0, nous sommes actuellement les plus rapides de la flotte. Fritzi à la barre ‘’avec sa rigueur germanique’’ dit Jeff.

« 00h tout le monde sur le pont »

À minuit, tout le monde est sur le pont, changement de quart. Jeff reprend Victor qui a pris la barre ‘’Tu ne crois pas qu’il y a un problème ?’’ … JOYEUX ANNIVERSAIRE ! À bord de Team Jolokia, les anniversaires sont sacrés. Il faut les fêter dignement et souvent.

00h55
La nuit est calme, le ciel est encore parsemé d’étoiles, elles guident les marins. Le vent de nord souffle à 5 nœuds, nous glissons sur l’eau à une vitesse honorable de 4 nœuds. Notre sillage scintille grâce au plancton lumineux.

01h10
Cette nuit encore, la difficulté pour l’équipage est de composer avec le vent faible. Il faut aller chercher chaque dixième de nœud de vitesse supplémentaire. Le vent n’est jamais constant, il faut toujours ajuster le réglage des voiles en fonction du vent qui change de direction ou de force. Les équipiers proposent régulièrement de choquer, reprendre… il en va de même pour le barreur
« Profite de l’adonnante pour lofer de 10° » dit Olivier à Victor.
01h35
La voile est un sport extrême il ne faut pas l’oublier. Être constamment en extérieur demande de l’énergie, surtout la nuit lorsqu’il les températures sont plus fraîches. Les gourmands de l’équipage se réveillent alors car c’est un bon prétexte pour manger un petit bout, une barre de céréales pour Alex, ou une banane pour Arthur.

Message d’Elorri à Marion : ETA estimée à 12h

« Rien n’est encore joué »

01h40
Dana sort sur le pont et annonce, l’excitation dans la voix, « on est super proche de Bretagne Télécom ». Bretagne Télécom est un réel challenge pour l’ensemble de l’équipage. Notre objectif commun : arriver devant lui. Tout est encore possible, nous l’avons bien vu il y a deux semaines sur le Tour de Belle-Île, rien n’est joué d’avance. Alors jusqu’au bout, les équipiers cherchent la vitesse et ne lâchent rien. Merci Bretagne Télécom de nous challenger autant. La course sans concurrent serait moins intéressante.

02h
Nous passons au sud de Groix et apercevons le faisceau du phare de Penmen. Toujours autant de concentration au niveau du réglages de voile. Mathilde me confie « Là c’est le moment où l’on peut gagner ».

02h15
A la table à carte, Dana me montre la position de BT, tout proche de nous, sur le tracker officiel, et non sur le GPS. Pourquoi ? BT n’allume pas son AIS…
Sur le pont, le silence règne, on n’entend que le bruit des vagues sur la coque ou les roulements d’un winch activé par Arthur ou Olivier. Je suis impressionnée par leur degré de concentration. Les équipiers de repos à l’intérieur doivent bien dormir, bercés par les vagues et nullement dérangés par l’activité extérieure habituelle.

02h48
BT est juste à notre bâbord, tout le monde est réveillé et super excité. Val « c’est maintenant qu’il faut faire un cadeau à Vic ». Tout le monde matosse. Il est 3h du matin mais l’engagement est maximal.

03h20
Le 2e quart est bien à poste, briefé par le quart précédent. Le vent est légèrement plus fort, 9 nœuds, notre vitesse est de 7 nœuds. BT est à 0,5 miles derrière nous et avance à 1,5 noeuds de moins.
Tout comme le quart précédent, le silence règne et les équipiers sont concentrés sur la vitesse du bateau. Deux quarts, deux équipes, mais un objectif commun.

« Un balai artistique avec Bretagne Telecom dans la Teignouse »

Jeff appelle tout le monde sur le pont. Le vent est tombé, il faut manœuvrer et matosser tout le poids à l’intérieur : voiles, sacs, vestes de quart, brassière, le moindre petit gramme est placé sous le vent.

06h
Le vent souffle à 6 nœuds, nous avançons à 3,5 nœuds. Nous sommes en direction de l’entrée du Chenal de la Teignouse. Tous les équipiers sont au rappel sous le vent. Silence complet, et concentration maximale pour la fin de cette régate. Jeff est à la barre et fait marcher au mieux le bateau. Je prépare des cafés pour tout le monde car la fin de l’Armen par vent faible va être exigeante.

06h21
Jeff « On passe la prochaine zone de molle et on envoie la manouvre de virement de bord ».

06h45

Aucun bruit à bord, je suis impressionnée

07h20

Bretagne Télécom vire derrière nous. Nous sommes au début du chenal de la Teignouse mais le courant est contre nous. Nous faisons du sur-place.07h27 Changement de stratégie, nous envoyons le Code 0.

8h15

Nous touchons un peu de vent, 5 nœuds, vitesse 4 nœuds. Nous marchons en crabe à cause du courant. 8h19 Un peu plus et nous aurions pu toucher du doigt la cardinale tribord…

8h40
Nous jouons à ‘’passera, passera pas ?’’ avec les casiers… Jeff défie les courants de la Teignouse.

9h09
Nous venons de sortir du chenal de la Teignouse. ETA 10h15 selon Dana. BT est devant.

9h40
Nous sommes à 3 miles de l’arrivée. Jamais un équipage n’a été aussi silencieux. Nous sommes au coude à coude avec Bretagne Telecom. Tous les concurrents, d’ordinaire si serein, sont sur le pont. La tension est à son comble.

10h 13 minutes et 10 secondes
Nous franchissons la ligne d’arrivée, 6 secondes derrière Bretagne Telecom. Chacun célèbre à sa manière la fin de la course, plus ou moins tracassés par cette seconde place. Il faudra attendre le soir pour faire passer ces 6 secondes et célébrer ensemble cette très belle seconde place, chez Brigitte puis à la Base malgré la fatigue générale. Après tout, il fallait bien souhaiter joyeux anniversaire à Victor une dernière fois.

Dana nous livre le bilan de la navigation : 43h 38 min et 10 secondes de course, 242 miles parcourus – 3e au global sur le nombre de miles parcourus et seulement 4 miles de plus que les premiers. Nous avons la meilleure VMG.

Nous relevons les points d’amélioration :

  • Le rangement à bord
  • La mise en commun des informations sur le fonctionnement des mécanismes du bateau comme le désalinisateur
  • La prise de confiance et la vigilance sur quelques points comme le bras de spi
  • La passation d’informations à la prise de quart et la nécessité d’expliquer pourquoi les voiles sont réglées de telle façon

Chacun partage son ressenti

« Je suis très content d’avoir confiance en vous » Jeff.

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